Tutoriel initialement proposé
ici sur Reason France où Franco La Muerte agit en tant que coadministrateur.
Notes Étrangères« En harmonie tonale, une note étrangère est une note ne faisant pas partie de l’harmonie courante, qui s'ajoute ou se substitue aux notes d'un quelconque accord classé — appelées notes réelles, précisément, par opposition aux notes étrangères. Une note étrangère est donc « étrangère à l'accord dans lequel elle se trouve », mais pas nécessairement « étrangère à la tonalité ».
Toute note étrangère modifie la couleur de l'accord primitif en amenant une tension — une dissonance le plus souvent — plus ou moins importante : elle doit donc être considérée comme une note attractive. Normalement, la note qui la précède fait fonction de préparation — note préparatoire — et la note qui lui succède amène la résolution — note résolutive. »
Dans ce tuto illustré avec des images du séquenceur de Reason et de sessions RNS nous étudierons les principales formes de notes étrangères que l’on peut appeler aussi notes ornementales.
Avant d’entreprendre l’étude des notes étrangères, il faudra être familier avec l’enchaînement harmonique qui sera utilisé pour chaque exemple. Tous les exemples seront en Do mineur. La mesure sera en ¾ ( trois temps par mesure, valse, temps fort 1ier temps, temps faibles 2em et 3em temps ), chaque accord se fera entendre sur 2 mesures. Chaque exemple totalisera 8 mesures. Voici les 3 seuls accords qui seront employés. Il faudra retenir leurs constitutions pour arriver à bien comprendre les notes étrangères. En effet, comment pourrait-on savoir si une note est étrangère à l’harmonie si on ne connaît pas les notes des harmonies utilisées ? Voici donc les 3 accords ( symbole par lettre ) et leur notes constitutives :
Cm ( Do mineur ) = Do – Mib – Sol
Fm ( Fa mineur ) = Fa – Lab – Do
G ( Sol majeur ) = Sol – Si – Ré
Note de passage« En harmonie tonale, une note de passage est une note étrangère qui relie entre elles les notes réelles d'un accord avec lesquelles par conséquent, elle forme une dissonance passagère.
Voyons sans plus tarder un exemple pratique avec une image et la représentation audio de l’image via la session RNS correspondante.
Pour ouvrir le RNS, CLIQUEZ SUR L'IMAGE DU SÉQUENCEUR :
Et pour ceux qui n’ont pas Reason, vous pouvez entendre le résultat ( la séquence est jouée 2 fois ) via le MP3 correspondant :
Note de Passage.mp3Sur le premier accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ) on peut voir en bleu la note de passage « Fa » qui ne fait pas partie de l’accord de Do mineur. Cette note ( Fa ) relie cependant deux notes de l’harmonie utilisée sur ce segment. Nous pouvons voir et entendre à gauche de ce Fa la note Mib et à droite la note Sol. Ces deux notes ( Mib et Sol ) sont tous deux des notes constitutives de l’accord de Do mineur entendu sur ce segment.
Même logique sur le second accord de Fa mineur ( Fm = Fa – Lab – Do ). La note « Sol » en bleu agit comme note de passage entre les deux notes ( Fa et Lab ) présentes dans l’accord entendu sur ce segment soit Fa mineur.
Sur l’accord de Sol majeur ( G = Sol – Si – Ré ) troisième segment. Nous pouvons entendre 2 notes de passages. Les notes Fa et Mib en bleu ne font pas partie de l’harmonie de Sol majeur, cependant elles relient 2 notes constitutives de cet accord soient : Sol et Ré.
La note de passage est la note étrangère la plus utilisée en musique. Elle intervient toujours de façon conjointe mélodiquement. Elle se fait entendre habituellement sur la partie faible de la mesure. Pour une mesure à 4 temps les temps faibles seront 2 et 4. Dans notre exemple ici à 3 temps, les temps faibles seront 2 et 3. Si une note de passage se fait entendre sur un temps fort on aura tendance à l’appeler « appoggiature », ornement que l’on étudiera plus loin.
Broderie« En harmonie tonale, une broderie est une note étrangère qui s'éloigne diatoniquement d'une note réelle — avec laquelle par conséquent, elle forme une dissonance passagère — pour y revenir aussitôt. La note résolutive de la broderie est donc la même note réelle que sa note préparatoire. Autrefois appelée dissonance de retour, cet ornement très employé est placé sur un temps faible ou une partie faible de temps, sinon, il doit être analysé comme une appoggiature.
La broderie peut être supérieure, quand elle monte au degré supérieur avant de redescendre à la note réelle et inférieure, quand elle descend au degré inférieur avant de remonter à la note réelle. Lorsqu’elle est inférieure, elle peut être accidentellement altérée de manière à être située un demi-ton diatonique au-dessous de sa note résolutive.»
Voyons pratiquement cela avec un exemple illustré avec le séquenceur et un RNS correspondant. ( Vous cliquerez toujours sur les images pour ouvrir les RNS correspondants pour tous les exemples suivants )
Broderie.mp3Sur le premier accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ) nous pouvons entendre 2 broderies. La première note étrangère par broderie « Fa » ( en bleu ), a pour note pivot Mib qui elle fait bien partie de l’accord de Do mineur. De même, ce segment fait entendre une autre note étrangère par broderie « Lab » qui a pour note pîvot Sol qui elle fait bien partie de l’accord de Do mineur aussi. Nous pouvons donc comprendre une broderie comme étant un aller-retour à une note conjointe. Elle peut s’effectuer par le haut comme nous venons de voir ou encore par le bas comme dans le deuxième segment avec l’accord de Fa mineur ( Fm = Fa – Lab – Do ).
Ici nous avons encore 2 broderies, mais effectuées vers le bas. La note étrangère par broderie « Si » a pour note pivot le Do ( faisant partie de l’accord de Fa mineur). De même, la broderie « Mi » a pour note pivot le Fa ( faisant partie de l’accord de Fa mineur aussi ).
Ainsi, les deux autres broderies sur le troisième segment avec l’accord de Sol majeur ( G = Sol – Si – Ré ) sont des notes étrangères à cette harmonie. En effet, Lab et Mib, ne font pas partie de l’accord de Sol majeur entendu sur ce segment.
Même logique pour le dernier segment avec l’accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ). Le « Si » note étrangère brode autour d’un Do, note constitutive. Le « Fa# » note étrangère brode autour d’un Sol, autre note constitutive.
Double-BroderieCette broderie est en fait une broderie supérieure ( par le haut ) et une broderie inférieure ( par le bas ) que l’on fait successivement entendre autour d’une note pivot.
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Double Broderie.mp3Segment 1, accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ), nous avons à la mélodie comme note pivot constitutive à l’accord un « Mib » ( rouge vif ). Cette note se voit brodée d’une part, par le haut ( « Fa » en bleu ) et d’autre part, par le bas ( « Ré » en bleu ).
Segment 2, accord de Fa mineur ( Fm = Fa – Lab – Do ), note pivot mélodique = Fa ( rouge vif ), les deux notes étrangères par double-broderie = Mi et Sol.( bleu ).
Segment 3, accord de Sol majeur ( G = Sol – Si – Ré ), note pivot mélodique = Sol ( rouge vif ), les deux notes étrangères par double-broderie = Lab et Fa ( bleu ).
Segment 4, accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ), note pivot mélodique = Do ( rouge vif ), les deux notes étrangères par double-broderie = Si et Ré ( bleu ).
Échappée« En harmonie tonale, une échappée, est une note étrangère placée sur un temps faible ou une partie faible de temps, qui succède à une note réelle conjointe, et qui effectue ensuite un mouvement disjoint sur l'accord suivant. On peut donc analyser l'échappée comme une note de passage, ou encore, une broderie non résolues. »
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Échapée.mp3Segment 1, accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ). Nous voyons apparaître une échappée ( La note « Fa » en bleu ). Cette dernière ne peut pas être considérée comme une note de passage puisque si cela avait été le cas elle aurait continué son ascension mélodique jusqu’au Sol et ce sous l’harmonie de Do mineur. ( Cf. note de passage ). On ne peut pas non plus la considérer comme une broderie puisqu’elle ne revient pas sur la note pivot qui aurait été « Mib » ici. Au lieu de ça cette note bleue « Fa » étrangère à l’harmonie de do mineur retombe dans la mesure suivante sur une note constitutive de l’harmonie de Fa mineur soit un Do.
Segment 2, accord de Fa mineur ( Fm = Fa – Lab – Do ). Échappée « Sol » succédant conjointement à la note constitutive « Fa » et procédant par saut disjoint dans l’autre mesure soit sur le « Ré », note constitutive à l’harmonie de Sol majeur.
Segment 3, accord de Sol majeur, ( G = Sol – Si – Ré ). Échappée « Fa » succédant conjointement à la note constitutive « Sol » et procédant par saut disjoint dans l’autre mesure soit sur le « Do », note constitutive à l’harmonie de Do mineur.
Les échappées procédant par saut ascendant sont plus rares mais pas impossibles.
Anticipation« En harmonie tonale, une anticipation est une note étrangère que l'on fait entendre avant l'accord dont elle fait partie, c'est-à-dire, pendant la durée de l'accord précédent, avec lequel par conséquent, elle forme une dissonance passagère.»
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Anticipation.mp3Segment 1, accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ). Le « Lab » ne fait pas partie de l’harmonie de Do mineur mais est une anticipation d’une des notes constitutives à l’harmonie de Fa mineur ( Fm = Fa – Lab – Do ) que l’on voit apparaître dans le segment 2. Cette note étrangère donne l’impression de presser un peu la mélodie, comme si cette dernière était pressée d’aller sur un autre accord.
Segment 2, accord de Fa mineur ( Fm = Fa – Lab – Do ). Le « Sol » ne fait pas partie de l’harmonie de Fa mineur mais est une anticipation d’une des notes constitutives à l’harmonie de Sol majeur ( G = Sol – Si – Ré ) que l’on voit apparaître dans le segment 3.
Segment 3, accord de Sol majeur (G = Sol – Si – Ré ). Le « Do » ne fait pas partie de l’harmonie de Sol majeur mais est une anticipation d’une des notes constitutives à l’harmonie de Do mineur que l’on voit apparaître dans le segment 4.
Appoggiature« En harmonie tonale, une appogiature — ou appoggiature — est une note étrangère non préparée, ordinairement placée sur temps fort, ou partie forte de temps, qui se résout par mouvement conjoint sur l'une des notes réelles de l'accord.
L'appogiature sur temps fort est qualifiée d'appogiature supérieure, quand elle descend à la note réelle et d'appogiature inférieure, quand elle monte à la note réelle ou encore. »
Nous verrons ici les 2 types d’appoggiatures ( soient ascendante et descendante )dans un ce même exemple.
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Appogiatures.mp3Segment 1, accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ). En bleu « Fa# » n’est pas une note constitutive de l’harmonie utilisée ici. De plus elle est entendu sur un temps fort. ( temps 1 ). Cette note est cependant bien résolue de façon ascendante ici sur la note qui lui succède ( rouge vif ) soit sur un Sol ( note constitutive de l’harmonie de Do mineur ) sur le temps 3 de la mesure.
Segment 2, accord de Fa mineur ( Fm = Fa – Lab – Do ). Même logique d’appoggiature ascendante ici. En bleu, le « Mi » n’est pas une une constitutive de l’harmonie utilisée ici. Cette note est entendue sur un temps fort ( temps 1 ). Elle se résout de façon ascendante encore une fois sur une note constitutive de l’accord soit la note « Fa » sur le temps 3 de la mesure.
Segment 3, accord de Sol majeur ( G = Sol – Si – Ré ). Ici nous voyons apparaître une appoggiature descendante. Le principe est cependant le même, c’est seulement le mouvement mélodique qui change. En bleu, le « Lab » entendu sur le temps fort de la mesure ne fait pas partie de l’accord de Sol majeur. Elle vient cependant se résoudre au temps 3 sur un Sol ( note constitutive de l’accord ).
Segment 4, accord de Do mineur ( Cm = Do – Mib – Sol ). En bleu, le « Fa » appoggiature descend vers le Mib ( note constitutive ).
Les appoggiatures sont sans doute les notes étrangères les plus expressives. Elles sont très utilisées dans les grands airs d’opéra pour appuyer un passage dramatique notamment.